Vis ma vie de coach amateur
Cette série a pour objectif de mettre en avant la vie d’un entraîneur de football dans le monde amateur. Pour ce premier volet, Rayan nous parlera de ses premiers pas au sein d’un nouveau club. Tous les personnages sont fictifs bien qu’ils puissent ressembler fortement à votre réalité.
Episode 1 : Entraîner une nouvelle équipe
Après une réunion avec le “directeur sportif” du club, dans lequel on m’a expliqué rapidement les horaires et lieux des entraînements, le système de jeu à appliquer et les différentes règles du jeu en fonction de la catégorie que l’on entraîne, je suis mis dans le grand bain pour entraîner les U11 du FC Pontignan que nous appellerons FCP pour plus de simplicité.
J’arrive et je m’aperçois rapidement que j’ai oublié de poser beaucoup de questions lors de cette première réunion : Tous les parents me demandent quand seront fournis les équipements du club, si les convocations seront gérées par whatsapp ou par une appli, ou bien si le club accepte les aides de l’état pour réduire leur cotisation ?
Je les renvoie vers Denis, le secrétaire du club ou je leur demande de patienter une semaine, afin de pouvoir enfin m’occuper du terrain, pour retrouver ma zone de confort, mais c’est bien normal le temps de prendre ses marques.
Une équipe offensive…
Je me présente auprès des joueurs. Mon expérience impressionne la majorité d’entre-eux, mais 3 joueurs n’hésitent pas à me harceler de questions, par curiosité ou par méfiance peut-être ? “Mais c’était comment les entraînements là-bas? “Tu peux nous faire une démonstration technique si tu as entraîné dans ces bons clubs ?” “Mais pourquoi viens-tu entraîner chez nous si tu es si fort ?”
J’abrège les réponses et demande une brève présentation de chacun d’entre-eux pour mieux les connaître : leur prénom, leur pied fort, et leur poste. Sans surprise, ils sont à 90% droitier mais surtout ils sont à 90% attaquants ! Enfin non car 2 d’entre-eux peuvent être attaquant ou gardien de but. En plus d’un gardien de but, cela me donne 3 potentiels gardiens de but, 2 milieux et 9 attaquants sur un groupe de 14 personnes. Je sens déjà que ça va être compliqué aussi bien dans le choix des positions que dans l’acceptation de leur part à occuper ce poste.
… et très physique
On commence enfin l’entraînement, place au jeu ! Les gestes valent bien plus que toutes les paroles et je vais enfin en savoir plus sur eux. On commence par un échauffement avec ballon très facile, puis vient un exercice de coordination assez basique dont les premiers gestes sont des sauts pieds joints par dessus une petite haie (30cm de hauteur). Matis, très volontaire mais qui est déjà en surpoids pour ses 10 ans, commence le premier et saute juste assez haut mais pas assez loin pour franchir la haie. Résultat : la haie s’éclate en deux et tous les joueurs sont morts de rire, au sol. Je me souviens avoir réagit de manière très contrasté entre rire intérieur, inquiétude concernant la condition physique du jeune Matis, et gêne de perdre du matériel dès le premier entraînement ! La bonne nouvelle est qu’en s’appliquant au maximum, il réussit à faire l’exercice par la suite (non sans peur).
L’entraînement se poursuit par un exercice de passes en mouvement. J’avais pensé aux exercices à mettre en place quelques semaines avant le début de la saison et je me rends compte très rapidement qu’il va falloir tout revoir. Les joueurs effectuaient la moitié de leurs passes à 3 mètres du destinataire et quand le ballon arrivait sur eux, le contrôle était souvent raté, ce qui entraîne une perte de 5 secondes entre chaque passe, cassant le rythme de l’exercice et donc la motivation des autres joueurs en attente. C’est un échec global !
“Nathan, Nathan, es-tu là ?”
Ouf, terminons par un petit match pour qu’ils puissent se dégourdir les jambes sans être bloqués par des consignes ou des gestes mal exécutés. La composition d’équipe ne se fait pas sans larmes (“oui, Kevin, nous allons changer à la moitié du match avec Anthony pour que tu ne sois pas défenseur tout le match, mais seulement si tu arrêtes de pleurer et que tu te donnes à fond, OK ?”).
Match terminé et petit discours de 2 minutes pour insister sur les quelques points à travailler tout en valorisant ce qui a été bon. “… Et donc, Nathan, il faut que tu fasses tes passes avec le plat du pied, comme on a travaillé pendant l’entraînement, mais nous allons continuer à voir cela … Nathan, Nathan, tu m’entends ?” Je m’approche juste en face de lui.
– Pardon coach, je regardais la lune là-bas qui a une forme trop bizarre ! Tu trouves pas ?”
La saison va être longue, mais passionnante …