Ils surgissent en plein match complètement à poil. Ce sont les Streakers. Qui sont-ils ? Quels sont leurs réseaux ? Enquête exclusive.
Vous êtes tranquillement en train de regarder un match de votre équipe préférée, bière à la main et encouragements en berne, parce que ce soir-là le spectacle n’est pas terrible. Puis soudain le temps se fige dans le surnaturel. Intervient un phénomène aussi rare que la comète de Alley, l’irruption sur la pelouse d’une lune généralement entourée d’un bide nourri à la Kro en train de courir comme un damné, poursuivi par une tripotée de stewards qui tentent de renvoyer fissa l’impudique aux vestiaires. Sous nos yeux, un monsieur tout nu s’offre un moment de gloire en mondovision. On a ici clairement changé de sport l’espace de quelques secondes, entre 100 mètres nudiste et rugby, la chevauchée exhibo se terminant le plus souvent par un plaquage appuyé sous les hourras du stade.
Le Streaker, héros discret, de toutes les parties (y compris les siennes), guettent la moindre faille dans la sécurité pour offrir au monde entier un geste punk et une performance artistique pour les esthètes du genre.
Le FC Strip tise
Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Le « Streaking » est une tradition vieille d’un demi-siècle qui a commencé par un pari crétin au cours d’une soirée arrosée. En Angleterre évidemment ! L’Adam de cette religion naissante se nomme Michael O’Brien. Un jour d’avril 1974, faisant un doigt d’honneur au vieil adage « en avril, ne te découvre pas d’un fil », l’Australien déboule à poil en plein Angleterre-France dans un stade Twickenham médusé. En relevant ce pari fou, il ne s’attendait pas au phénomène qui va inspirer de nombreux disciples. Un an plus tard, c’est sur un terrain de cricket qu’un cuisinier de 24 ans remet ça en sautant nu au-dessus des bases défendues par les batteurs sous le regard amusé des joueurs et des arbitres.
Les Streakers vont dès lors s’exhiber sur tous les terrains de sport, et sur les pelouses de football cela va sans dire, sa portée médiatique offrant une exposition idéale pour montrer l’intimité de ces « athlètes » d’un nouveau genre.
Marc Roberts, El pubis de Oro
Parmi tous ces fadas de la chevauchée-tout-nu, Marc Roberts est le Maradona de la discipline. Avec 558 streakings en 26 ans de « carrière », il est le plus prolifique. Il estime que c’est un sport à part entière qui peut même se monnayer via le sponsoring. Le Britannique a pu montrer son royal derrière et sa vitesse de pointe pour échapper à ses poursuivants trop vêtus lors de plusieurs Olympiades. Mais son jour de gloire intervient en 2002 lors de la finale de la Ligue des champions à Glasgow. “Juste avant le coup d’envoi, j’ai foncé vers la cage de Leverkusen et j’ai marqué un but. J’ai regardé ensuite en direction des tribunes, j’ai alors aperçu le roi d’Espagne, debout, en train d’applaudir.” (Le Monde, Juillet 2012).
Marc Roberts, le Streak c’est chic !
Serial Streakers, au placard !
Si son altesse a apprécié le spectacle, les instances sportives ne tolèrent que modérément ces nudistes professionnels, considérés comme de vulgaires perturbateurs et une menace pour la sécurité des acteurs sur le terrain. Pour les décourager, les réalisations sportives coupent les directs et ne diffusent plus les images d’un streaking en cours, si bien que le phénomène se raréfie.
On espère quand même voir une ou deux paires de fesses à l’Euro pour faire revivre cette discipline romantique bien déconnante. Seulement, le délit de streaking peut être aujourd’hui passible d’une interdiction de stades à vie, d’une amende bien salée, voire d’une peine de prison.
De quoi rhabiller les Streakers pour l’hiver…
Romain
6 juin 2021 at 20 h 49 min
Gloire aux streakers de matchs à huis-clos ! Merci pour ce moment de lecture rafraîchissant