Une attaque de feu, un coach au sommet, une France ultra favorite. On allait voir ce qu’on allait voir. Quinze jours plus tard, les champions du monde sont éliminés d’un Euro qu’ils ont traversé comme des fantômes.
3-1 à dix minutes de la fin. Ca ne pouvait pas échapper aux Bleus qui s’en sortaient miraculeusement après le penalty suisse stoppé par Hugo Lloris. La chatte à DD avait encore ronronné à pleins poumons à Bucarest après une performance globalement ratée, au bon souvenir de l’ère Domenech. Puis la chatte à DD a toussoté puis s’est complètement étouffée quand les Suisses ont remis leur horloge sur la bonne aiguille pour nous renvoyer à la maison aux tirs au but. Une belle tarte dans la tronche pour les champions du monde, pourtant prévisible au regard des fragilités affichées dès le premier match. Les Bleus déjà palots ont réussi l’exploit de s’imposer face à l’Allemagne sans cadrer la moindre frappe. Danke shon Matts Hummels autrefois bourreau des Français à la Coupe du monde 2014 qui nous a offert un modèle de lucarne contre son camp et une victoire tirée par les cheveux (coucou Benjamin Nivet).
Du match contre la Hongrie, on retiendra les premières défaillances physiques pour arracher un immonde match nul 1 partout face au redoutable 37ème au classement FIFA dans la fournaise de Budapest. Dembélé, parti retrouver une place de titulaire dans son club préféré le FC Sécurité Sociale, sera le premier d’une longue série de blessures (Koundé, Digne, Lemar, Hernandez).
En première phase, les Bleus n’auront été convaincants que quarante-cinq minutes face au Portugal. Une deuxième mi-temps folle pour empocher la première place du groupe de la mort. Un trompe l’œil.
Merde… J’aurais du mettre un 6-1-2-1 (Franck Fife / AFP)
DD l’impro
En changeant son système quasiment à chaque match, le sélectionneur habituellement si pragmatique, rétif au changement, a tâtonné, corrigé, essayé dans la plus grande impro de redonner du souffle à une équipe complètement rincée. 4-3-3, 4-2-3-1 pour finir sur un inédit 3-4-1-2, on se demandait si Didier ne cherchait pas les chiffres du loto durant cet Euro. Comment toucher le jackpot contre les Suisses en alignant une défense à trois avec un Lenglet à la masse au Barça ? Sur le premier but suisse, c’est à peine s’il a essayé de gêner Seferovic sur un fauteuil pour placer sa tête, Lenglet a été logiquement invité à retrouver le sien après une mi-temps pathétique. II y eut certes le talent de Pogba, de loin le meilleur français pendant la compétition, la rédemption de Benzema à la hauteur de son statut en marquant quatre buts, la rage de Griezmann précieux dans la récupération et la combativité de Kimpembé taille patron, pour maintenir l’illusion. Mais ce fut trop peu, car il est apparu clairement que nos Bleus étaient cramés après une saison chargée. Si l’on ajoute les défaillances individuelles – Kanté zéro ballon récupéré en première mi-temps contre la Suisse , Rabiot livré à lui-même dans un inhabituel poste de piston gauche, MBappé aucun but, maladroit et personnel, et Pavard complètement dépassé – l’équipe de France a troqué son statut de favori pour celui du plus gros bide de la compétition (coucou 2002).
C’est Kyky qui rentre à la maison ? (Franck Fife / POOL)
MBappé ballon dort, Pavard des perfs de bâtard
Il serait facile de tomber sur MBappé. Il n’a pas tout raté mais il s’est souvent manqué en retombant dans sa « Neymarisation » à coups de passements de jambes superflus, de courses dans le vide et de maladresse dans le dernier geste. Ca marche contre Nîmes, très peu au niveau international. Son tir au but raté n’est que le point final d’un Euro quelconque sans le moindre but. Depuis son éclosion à la coupe du monde 2018, il bénéficie d’un statut d’intouchable alors que Giroud (25 minutes de temps de jeu…) cire toujours son banc qui brille de mille feus à force de jouer les bouches trous. Quant à Pavard, il surfe sur sa volée de 2018 mais la hype doit cesser. Dépassé, débordé, le Munichois n’a rien apporté offensivement et a provoqué un penalty. Il est temps de trouver un remplaçant crédible.
Pendant que l’Euro continue sans les Bleus, de nombreuses questions vont se poser pour repartir sur un nouvel élan. Est-ce la fin d’un cycle ? Faut-il changer des joueurs ? Didier Deschamps va-t-il continuer (coucou Zizou) ?
Il faudra vite y répondre car les éliminatoires de la prochaine coupe du monde approchent. Prochain défi, se qualifier pour défendre notre titre. Oui, parce qu’on avait peine à y croire après ce fiasco du 29 juin, on est encore champions du monde…